asmodee : 30 ans en 30 jeux – seconde partie

30 ans de jeux, de succès ludiques, vous imaginez bien qu’on ne saurait les réduire à quelques lignes. Surtout quand l’épopée en question a profondément marqué les pratiques des joueuses et des joueurs ! C’est pour cela que nous partons à nouveau dans le passé d’asmodee, à travers ces jeux qui ont fait date.

Mettre de l’ambiance partout, tout le temps

Nous l’avons vu dans l’article précédent, les jeux d’ambiance ont été une des façons « d’entrer » chez les gens qui jouaient peu ou pas, en leur proposant tout simplement de… s’amuser. Des titres comme Jungle Speed ou Les Loups-Garous de Thiercelieux s’installent dans la durée, mais asmodee et les éditeurs continuent sur leur lancée ! 

En 2006, une étrange boîte bleue apparait dans les magasins : le premier Time’s Up! des Belges de Repos Production. Et son succès sera fulgurant : il en existe dorénavant de nombreuses déclinaisons – pour les enfants, sur des thèmes précis ! Cela s’explique aisément : Time’s Up! réunit tout ce qui fait le charme des jeux d’ambiance. On y joue par équipes, on doit y deviner un mot, un métier, un individu, de plusieurs façons différentes, dont le mime. Cette combinaison permet à tout le monde de s’exprimer, de briller, de s’amuser.

Dobble, en 2009, surprend également par son format et sa proposition : cette petite boîte ronde et métallique contient 5 jeux différents. Grâce à un algorithme savant, un seul symbole entre plusieurs cartes est commun. Lors de chaque manche, les règles changent – mais il faudra toujours repérer le symbole commun entre deux cartes ! Un peu de réflexes, toujours de l’observation, Dobble s’emporte partout, se joue vite, s’explique facilement… Le jeu s’installe dans la durée, dans les familles, les associations, les ludothèques. asmodee en distribue même une version géante, de plein air ! 

Faisons un petit bond dans le temps pour évoquer ces jeux qui, sous couvert de simplicité, ont marqué les joueuses et les joueurs. Par exemple, Love Letter (2013) et Exploding Kittens (2015).

Le premier va à l’essentiel le genre du jeu à « rôle caché ». À chaque tour, vous disposez de deux cartes (des rôles à la cour) et devez en jouer une et appliquer sa capacité. L’objectif : finir avec la Princesse ou, si elle est défaussée, une carte de la plus haute valeur. Redoutable de simplicité, idéal pour les gens qui veulent ajouter de la déduction au bluff, Love Letter entre dans les ludothèques pour, lui aussi, y durer.

Quant à Exploding Kittens, mélange subtil d’humour internet et de roulette russe, il contamine avec le virus du jeu de société tous les fans de la bande dessinée d’origine ! Ce jeu est un peu à la jonction d’une culture qui s’est rapidement et totalement installée, malgré son insolente jeunesse, et de l’essor incroyable du jeu de société moderne. En plus de parties fun et rapides, il marque son temps. 

Les jeux d’ambiance continuent d’évoluer et asmodee avec eux : c’est aussi grâce à eux que de plus en plus de personnes jouent !

De nouvelles façons de jouer

Les éditeurs qui accompagnent asmodee ont toujours aimé explorer des mécaniques et des manières de jouer « hors des clous ». 

S’il ne fallait en citer qu’un (et on ne s’en contentera pas), penchons-nous sur Dominion (2008). Il est le second jeu de société de deckbuilding, un genre qui a ensuite envahi le monde ludique. Pour de nombreux joueurs, il en est même le précurseur. Mais en quoi était-il original ? Il a révolutionné le jeu de cartes traditionnel. À la gestion de la main de cartes s’ajoute la gestion de la pioche, individuelle, qui permet de mettre en place des « moteurs », combinaisons de cartes susceptibles de créer des effets et donc d’ajouter d’autres cartes à sa pioche et… Gagner la partie ? Pour les joueuses et les joueurs de 2008, Dominion fut d’abord un vertige.

Dixit (également en 2008), dans une autre veine, fut une invitation au voyage. Au milieu des propositions ludiques, il était la promesse d’un jeu doux, orienté vers la communication et le rêve. Il s’agit d’y décrire des images, toutes superbes, pour qu’une seule partie des joueurs la retrouve parmi plusieurs. Pas si simple : il faut se triturer le vocabulaire et l’empathie, la connaissance de ses partenaires, pour trouver les bonnes formules… En son temps, Dixit a soulevé un engouement formidable auprès des joueurs néophytes comme expérimentés. Et ce succès se poursuit : chaque extension est un moment suspendu, à travers des illustrations thématiques sublimes !

Ouvrir de nouveaux horizons ludiques

C’est vers 2008 qu’un constat devient évident : le jeu de société a réellement gagné un nouveau public. 

Pandemic en est la preuve. Jeu expert et coopératif par excellence, cette course contre plusieurs maladies mortelles est un défi. Tendu, exigeant, il donne lieu à des parties durant lesquelles l’échec est une possibilité de chaque instant. Voire, la frustration peut planer au-dessus de la table de jeu ! Pourtant, Pandemic a conquis un public fidèle et solide : chaque itération a connu le succès ! Les éditions « Legacy », sous forme de saisons, ont contribué à faire de la gamme un monument du jeu de société. Son système de jeu culte se retrouve encore aujourd’hui dans des nouveautés comme par exemple le jeu coopératif Seigneur des Anneaux : Le Destin de la Communauté. 

Quant à Small World (2009), également un Objet Ludique Difficilement Identifiable, tel Catan à ses origines, il se diffuse parmi toutes les catégories de joueuses et de joueurs. Malgré des mécaniques de jeu implacables et déroutantes (vous devez développer vos différents peuples sur le plateau, quitte à « bousculer » ceux des autres… Puis les amener au déclin, ce qui est un crève-cœur absolu pour les stratèges et les amoureux des petits peuples), on le trouve sur tous les événements ludiques, dans le salon d’un public débutant et/ou peu joueur… Small World introduit le jeu de conquête et de civilisation auprès d’un public qui n’y avait jamais touché, ni même envisagé de s’y intéresser – et c’est effectivement la plus belle des conquêtes !

L’heure des titans : 7 Wonders et Splendor

Pardonnez l’expression de l’ancien préparateur de commandes que je fus, mais nous abordons maintenant certains des jeux de société qui se vendent à la palette. Difficile de présenter autrement ces monuments.

7 Wonders (2010) a introduit le draft auprès du grand public, en le mêlant très habilement au jeu de civilisation. Une direction artistique léchée, des mécaniques subtiles et accessibles : le mythe était né. Depuis 15 ans, 7 Wonders et toutes ses déclinaisons sont une référence du jeu de société. Au même titre que les « grands anciens » (l’hôtel rue de la Paix, la lettre compte double, vous voyez), 7 Wonders est devenu un élément culturel à part entière. Il fallait que l’expertise d’un auteur, Antoine Bauza, d’un éditeur, Repos Production et d’un distributeur se rencontrent pour accoucher de ce miracle ludique.

Splendor, en 2014, réalise un prodige similaire ! L’éditeur, Space Cowboys, est composé des fondateurs d’asmodee. Une fois de plus, et c’est une tendance qui se vérifie, la simplicité l’emporte : Splendor, c’est une action par personne et par tour. Pour faire prospérer votre guilde de joaillers de la Renaissance, vous n’aurez besoin que de cela… Et d’un soupçon d’anticipation et de stratégie ! Splendor fait le grand écart entre les joueurs occasionnels et ceux pour qui la stratégie et la planification (avec un soupçon de hasard, pour le principe) sont les maîtres mots.

20 ans se sont passés…

… entre les jeux de rôle qui sentent bon le délire entre amis et les succès internationaux. Pourtant, il nous reste à parcourir une décennie complète de l’histoire d’asmodee. Et c’est exactement le programme de notre prochain article sur le sujet !  

Prenez soin de vous, des autres et jouez !