Saga Hans Im Glück : du jeu Carcassonne à Cardia…

Une petite balade à dos de cochon ?

Savez-vous d’où vient le nom Hans im Glück ? Un petit indice se trouve sur le logo de la maison d’édition où l’on voit un personnage chevaucher un cochon. Cela vient d’un conte des frères Grimm, qui s’appelle Hans in Luck, qu’on pourrait traduire par « Jean le chanceux » en français. Un conte anti-matérialiste qui nous invite  à réfléchir sur notre vision de la vie et du bonheur.

A première vue, le pauvre Hans semble être le dindon de la fable, mais on peut lui reconnaître un vrai don à se satisfaire de son sort. Si vous vous demandez « mais pourquoi un cochon ? », je vous invite à lire le conte… mais pour le rapport avec notre sujet du jour, Glück en allemand voulant dire « bonheur », on se retrouve avec un joli jeu de mots et une belle philosophie prônant que le plaisir de jouer est le vrai trésor de l’existence (du moins c’est mon interprétation personnelle).

Une histoire qui commence dans un garage bavarois…

Un peu à l’inverse du conte que l’on vient d’évoquer, l’histoire de la maison d’édition a commencé plutôt modestement, avant de connaître le succès qu’on lui connait aujourd’hui grâce à la créativité de ses créateurs. L’histoire commence dans un petit garage au cœur de Munich en 1983 (à une époque où, semblerait-il, toutes les business success stories dignes de ce nom commencent dans un garage). Nos 2 protagonistes, Bernd Brunnhofer et Karl-Heinz Schmiel, associés à Margret, la femme du premier, inventent dans leur garage des jeux de plateau créatifs… Parmi leurs 1ères moutures, on trouve des jeux comme Radar-Flopp ou Dippi Totale.  Mais c’est avec Dodge City, un jeu de société se déroulant dans l’univers du far west, qu’ils font une entrée remarquée dans l’univers des jeux dès 1983.

En 1986, ils attirent de nouveau l’attention avec Greyhounds, un jeu de course de lévriers dont le concept original autour des paris sportifs leur vaut une nomination au fameux Spiel des Jahres. Karl-Heinz quitte alors la maison d’édition pour poursuivre sa première vocation, l’enseignement. Bernd Brunnhofer ne se laisse pas abattre et continue l’aventure avec un nouveau binôme (Volker Weitzel) et rejoint le groupe Blatz en 1993 : ils enchaînent les réussites avec des jeux comme Maestro (1991), Dunter&Drüber (1992) ou Manhattan (1994). En 1996, El Grande, un jeu imaginé par Wolfgang Kramer et Richard Ulrich remporte pour de bon le Spiel des Jahres. Ce jeu de stratégie et de conquête est toujours considéré comme un monument par les joueurs experts aujourd’hui .

Au début des années 2000, le succès retentissant de Carcassonne (on y revient dans quelques instants) amorce un vrai décollage : la société, dont les rênes ont été repris par le fils de Bernd, Moritz Brunnhofer, ne cesse de s’agrandir et emploie désormais une douzaine de passionnés. Même Karl-Heinz est revenu pour faire partie de l’équipe qui teste les jeux, et transforme les idées de jeux sympas en « banger » (comme disent aujourd’hui les jeunes).

Carcassonne casse la baraque !

Le jeu de société Carcassonne sort en 2001, écoutons donc Moritz Brunnhofer nous  raconter les coulisses de cette création mythique, née d’un projet parallèle qui a finalement pris toute la lumière :

La suite : Carcassonne a remporté le Spiel des Jahres, gagné les German Games Awards et s’est vendu à 700 000 exemplaires dans l’année qui a suivi sa sortie (juste en Allemagne !). Il a été traduit depuis en plus de 20 langues et il s’en est depuis écoulé plusieurs millions dans le monde. Impressionnant.

Mais quelles sont les clés qui ont fait de Carcassonne un classique du jeu de société moderne, l’égérie de l’eurogame ? Comme l’explique Moritz, le paysage à composer en tuiles (façon dominos) combiné au placement des pions partisans est le point différenciant qui apporte de la profondeur et nous donne envie d’y rejouer à l’infini malgré sa simplicité. D’ailleurs son accessibilité fait partie de ses points forts ! Il y a aus si une grande composante d’opportunisme dans Carcassonne et d’anticipation des stratégies des autres joueurs. En plus, de nombreuses extensions sont sorties depuis pour pimenter votre expérience de jeu. Il existe même Mon Premier Carcassonne pour jouer avec les enfants à partir de 4 ans !

Hans im Glück : quels autres jeux tester ?

Faisons un focus rapide sur  3 autres références incontournables à découvrir parmi les jeux actuels d’Hans im Glück.

La première, c’est Paleo, qui nous fait quitter l’ambiance médiévale pour retourner à l’Âge de Pierre ! Dans ce jeu coopératif familial, vous formez une tribu qui doit survivre dans un univers préhistorique hostile. Collectez des ressources en explorant, façonnez des objets et surmontez ensemble des défis (mortels). Ce jeu d’aventure familial a déjà 4 mini extensions qui vous feront vivre des quêtes inoubliables. Paléo a fait partie des nominés de l’As d’Or de l’année en 2021.

Paleo, 2-4 joueurs, 10+, 40-60’

Autre référence incontournable pour jouer à partir de 9 ans, et toujours avec un aspect historique et coopératif, ne passez pas à côté de Time Trouble ! Le thème de ce jeu de société : le voyage dans le temps. Vous allez voyager à différentes époques afin de résoudre 7 niveaux plein de défis. Pour cela, un ingénieux mécanisme de cartes transparentes à superposer, des agents ayant chacun des pouvoirs uniques… et seulement 40 secondes pour vous coordonner en équipe, pour la petite touche de suspense.

Time Trouble, 2-4 joueurs, 10 ans+, 45’

Enfin dans le registre du jeu de gestion, avez-vous testé Botanicus ? Rappelez-vous, je vous en avais déjà parlé au printemps dernier ! Botanicus vous invite à fonder votre propre jardin botanique en collectant des plantes, en les faisant pousser et en surveillant vos financements et les attentes de vos futurs visiteurs… De quoi ravir des joueurs initiés à experts de la gestion de ressources.

Botanicus, 2-4 joueurs, 10 ans+, 45’

Spoiler alert : Cardia, la nouveauté de la rentrée !    

Et comme vous avez été sages pendant le déroulé de cette mini saga Hans im Glück, voici en avant-première quelques informations sur leur prochain jeu ! Je dois dire que je suis ravie de pouvoir vous en dire plus sur cette sortie, car c’est un peu un crush personnel depuis que je l’ai testé. Je pense que ce jeu, baptisé Cardia, aura toute sa place dans ma ludothèque (d’autant plus qu’il en prend très peu – de la place).

Ce jeu de cartes compact pour 2 joueurs consiste en une succession de duels ou de « batailles » pour devenir le seigneur du royaume de Cardia. Les 2 adversaires jouent avec le même deck, composé de 16 cartes ornées de personnages (4 dans chaque faction se disputant la succession au trône). A chaque tour, chacun joue une carte des 5 cartes de sa main, face cachée. On les retourne simultanément, et celui qui a la carte de plus forte valeur remporte le duel. Sachant qu’au bout de 5 duels remportés, vous gagnez. Vous allez me dire : « Mais quelle arnaque, autant jouer à la bataille…

Mais je ne vous ai pas tout dit : chaque carte comporte un pouvoir particulier qui s’active lorsque vous perdez le duel. Et parmi ces pouvoirs, il y en a certains qui peuvent changer l’issue de cet affrontement, influencer les duels passés et à venir, ou bien encore priver votre adversaire de cartes (et si vous n’avez plus de cartes, c’est aussi perdu !). Le pouvoir de la carte 16 (la valeur numéraire la plus forte), le Djinn, vous permet même de remporter instantanément la partie ! Un jeu très malin, plein de rebondissements et de dilemmes stratégiques. Les parties sont très rapides, on a vite envie de prendre sa revanche. Vous pouvez l’enrichir avec un second deck de 16 autres personnages et des cartes évènements, inclus dans le jeu à sa sortie. Ce sera pour fin août, à noter dans vos tablettes : vous m’en direz des nouvelles !

Etiez-vous incollables sur Hans im Glück ? Maintenant, vous savez tout (ou presque). Comptez-vous parmi les fans de l’immense Carcassonne ? Vous avez un autre chouchou parmi leurs références ? Est-ce que vous jouez souvent à des jeux à 2 comme Cardia ? A très vite pour en discuter sur nos réseaux sociaux.